En stage à Mersch

Les 25 et 26 mai, nous avons organisé un stage pour lequel nous avons installé le dojo dans notre gymnase habituel à Mersch. Le stage fut particulier dans le sens où nous avions décidé de consacrer les deux jours à un thème particulier, celui du travail du Kimono pour les femmes. En comparaison avec la chemise d’entraînement qu’est le Kyudogi, le Kimono demande une série de manipulations avant que l’archer ne puisse tirer ses flèches. Maîtriser ces mouvements qui font partie du Taihai, demande une grande précision dans l’exécution des gestes, afin que toute la beauté du tir puisse ensuite apparaître.

Pour nous guider dans ce travail, nous avions demandé à Shimomura Tomoko Sensei, Renshi Godan, d’animer ce stage. Madame Shimomura vit et pratique le Kyudo dans le sud de la France et elle s’est déplacée au Luxembourg le temps de ce weekend. Des pratiquants et pratiquantes des clubs de Kyudo de Bruxelles, Liège, Anvers, Lille, Nancy, Strasbourg et Saarbrücken s’étaient joint à nous pour ce stage

L’ouverture officielle du stage fut précédée par une session de contrôle et de conseil sur l’habillement des participants. Shimomura Sensei montra comment la manière de s’habiller a une influence directe sur la qualité du tir. En particulier, le Hakama vient soutenir le Dozukuri et contribue ainsi à renforcer tout le travail du bas du corps dans le tir. Shimomura Sensei accorda une attention particulière à montrer comment les femmes mettent et portent le Kimono. Ce fut un moment d’apprentissage pour les pratiquants, en particulier pour les femmes portant le Kimono durant le stage.

Après l’ouverture officielle, Shimomura Sensei exécuta un Ya Watashi, un tir de cérémonie réservé à des moments comme l’ouverture d’un stage ou d’un autre événement. Elle fut soutenue dans ce tir par deux assistantes, Anja Bauer en tant que Daichi Kaezoe et Yukiko Ito en tant que Daini Kaezoe. Le rôle des assistant durant ce tir fut lui-même l’objet d’une préparation intensive car ils jouent un rôle de soutien pour Ite, l’archer qui exécute la cérémonie.

Après la Ya Watashi, ce fut le moment pour tous les participants au stage d’effectuer Hitote Gyosha, c’est-à-dire de tirer deux flèches en Shinsa no Maai, sous les yeux de l’enseignante. Celle-ci peut alors se faire une idée précise du tir des pratiquants et orienter ses enseignements durant le stage.

Durant la suite de la journée, une grande attention fut accordée au Tasuki Sabaki. Lorsque les femmes tirent en Kimono, les manches du Kimono, si elles n’étaient pas attachées, viendraient perturber les mouvements et l’envol de la flèche lors du lâcher. C’est pourquoi les manches sont attachées à l’aide d’un ruban en soie. Nouer ce ruban demande une grande concentration et une grande précision dans les gestes, ceci d’autant plus que ce mouvement s’exécute en position assise avec l’arc et les flèches qui reposent dans un équilibre précaire sur la cuisse gauche de la personne qui effectue le mouvement. Certains pratiquants masculins s’essayèrent également au Tasuki Sabaki. Si les hommes dénudent l’épaule gauche plutôt que d’attacher les manches, il est cependant utile qu’ils comprennent le mouvement exécuté par les femmes. Car lors d’un tir formel tel qu’il est par exemple pratiqué pour les examens à partir de l’examen pour le cinquième Dan, hommes et femmes doivent manipuler le Kimono en harmonie avant de tirer. Cette harmonisation doit avoir lieu de manière précise. Durant une session lors de la deuxième journée de stage, hommes et femmes eurent l’occasion de travailler ensemble sur cette harmonisation.

La deuxième journée du stage débuta par plusieurs Sharei, effectués par des participants. Ce furent deux Sharei appelés Hitotsu Mato Sharei et Mochi Mato Sharei. Ce sont des tirs spéciaux effectués en groupe, dans ce cas-ci par trois ou cinq archers. Durant ces tirs, à côté du tir de flèches proprement dit, l’harmonie qui se dégage du Taihai, l’ensemble des mouvements effectués par les archers, est primordiale. Lorsque les efforts des archers laissent entrevoir non seulement des tirs individuels, mais également une forme collective harmonieuse, toute la beauté de cet art martial apparaît à l’œil et au cœur du public.

A côté du travail de Kimono, l’enseignement de Shimomura Sensei portait sur le travail du corps. Contrairement à ce que l’on pourrait croire à première vue, l’arc japonais n’est pas principalement ouvert avec les bras et les mains. Un tir bien exécuté fait intervenir tout le corps, en particulier le bas du tronc et les muscles du dos. C’est en utilisant ces parties du corps que l’archer peut libérer la tension dans les épaules, les bras et les mains. Ceci en retour permet d’amener un maximum d’énergie dans l’ouverture finale de l’arc et permet un tir juste, beau et rempli d’énergie. Shimomura Sensei nous montra plusieurs exercices, très simples et qui peuvent être exécutés à tout moment dans notre vie quotidienne, pour permettre d’activer les parties du corps qui jouent un rôle essentiel dans le tir.

Durant la cérémonie de clôture du stage, Shimomura Sensei nous encouragea à continuer à travailler ces points durant notre pratique de tous les jours. L’attention qu’elle porte sur la précision absolue à accorder aux gestes du Taihai ainsi que son enseignement sur l’utilisation du corps dans le tir ont été très inspirants pour nous et resteront comme des points d’attention primordiaux dans notre pratique après ce stage. C’est la première fois que nous organisions un stage dédié à un aspect particulier du Kyudo au féminin et c’est la première fois que nous avons reçu Shimomura Tomoko Sensei. Nous avons terminé ce stage, reconnaissants pour son enseignement, donné avec une énergie exceptionnelle. A nous de continuer à le mettre en œuvre au quotidien.

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